A la suite de l’inspection de Vauban de 1686, des batteries côtières armées de canons sont édifiées sur la côte, de Réville à Ravenoville. Erigées à la hâte, elles étaient pour la plupart composées simplement de talus de terre et de sable. Déjà en mauvais état en 1692 lors de la bataille de la Hougue, elles furent renforcées par de la maçonnerie dans les années qui suivirent.
Sur le détail ci-dessous, on aperçoit la batterie de Morsalines au débouché d’un cours d’eau nommé de nos jours le Godet. Même s’il tracé à la main, ce plan est précis puisque les 2 moulins présents alors sur le Godet y figurent. Il en est de même pour ceux du Dyck et de Sey présents de nos jours encore sur le Vaupreux. Les pointillés rouges indiquent le nombre de canons. Le chiffre au bout des pointillés précise leurs calibres. Ainsi sait-on par exemple que 4 canons de 24 livres (environ 12 kg) armaient le fort de l’îlet.
Sur le plan de 1702, la « grande redoute de Morsalines » 2 km en face de la Hougue est représentée assez précisément. Ses canons permettaient un tir croisé avec ceux de la Hougue. La « petite redoute de Morsalines » était 600 m plus au sud.
La grande redoute de Morsalines était composée d’un talus de terre recouvert d’herbe, talus que l’on franchissait par une galerie maçonnée, d’une douve en eau de 8 m de large, alimentée par le Godet, puis de la redoute elle-même. Redoute à laquelle on accédait par un pont-levis.
Les tempêtes endommagèrent le talus extérieur proche du rivage. Au début du XVIIIe siècle, on érigea donc progressivement une digue maçonnée de 300 m de long pour le protéger de l’assaut des marées. La ligne rouge sur ce plan militaire de 1764 montre la forme de cette digue.
Ce plan de 1818 est encore plus précis. Si on le superpose avec une photo aérienne de l’état actuel, on voit que le tracé de la digue est inchangé. Et on observe qu’un amas de pierres qui affleurent de nos jours dans la prairie correspond exactement à la galerie maçonnée qui permettait de franchir le talus extérieur.
On aperçoit sur la droite du plan de 1818 le tracé d’un pan incliné qui permettait de mettre des chaloupes à la mer. Des pierres plates de ce pan incliné sont toujours présentes sur la plage. On observe aisément dans la maçonnerie à quel endroit de la digue débouchait ce plan incliné.
Lors de la construction du Mur de l’Atlantique, l’armée allemande arasa la grande redoute de Morsalines pour y construire un blockhaus et des nids de mitrailleuses. Ces constructions en béton sont toujours existantes.
Témoin de cette longue histoire militaire, la digue initialement de belle maçonnerie de 300 mètres de long a cessé d’être entretenue depuis les années 1980. Notre association a entrepris en 2018 de la restaurer. Elle organise donc chaque été des chantiers participatifs avec de nombreux bénévoles. Voir actions.